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CINEMA ET ECOLE EN AFRIQUE: LA LECON DANS LE CINEMA EN AFRIQUE

Charles Ayetan

                        La Lezione

Di Charles Ayetan

(Articolo tratto dal volume “LA LEZIONE. Da Roberto Longhi a Pier Paolo Pasolini ad Alain Bergala”.):

“Le cinéma africain est un “moyen d’éducation de masse”. Cette affirmation trouve
son fondement dans plus d’une initiative de réflexion autour du septième art. Deux exemples: le premier est un colloque qui a eu lieu à Lagos (Nigeria) au cours du deuxième Festival mondial des Arts négro-africains sur le thème “Civilisation noire et éducation”, le deuxième est un séminaire tenu à Ouagadougou (Burkina Faso) du 8 au 13 avril 1974 sur le thème “Le rôle du cinéaste africain dans l’éveil d’une conscience de civilisation noire” (Le rôle du cinéaste africain dans l’éveil d’une conscience de civilisation noire, Présence Africaine, Revue culturelle du monde Noir, Nouvelle série bilingue, n° 90 2e Trimestre 1974). Il est ainsi reconnu au cinéaste africain, une responsabilité importante dans “l’éveil d’une conscience de civilisation noire” et l’émancipation des populations. “Il s’agit donc de promouvoir ou d’aider à la promotion d’un cinéma populaire, non au sens condescendant, dévalué, du terme, mais au sens où ce cinéma se mettrait à l’école et au service des peuples d’Afrique sans pour autant enchaîner sa liberté et sa créativité propres”, lit-on dans l’argumentaire de ce séminaire sur le rôle du cinéaste africain. Le cinéaste africain a ainsi une grande responsabilité et détient un pouvoir dans la formation des consciences, rôle qu’il doit assumer à travers l’inspiration d’une “solidarité historique et culturelle entre les communautés du monde Noir” et l’éveil d’une “conscience de civilisation”.
Le cinéma, un art et un médium
Médium de masse par essence, le cinéma, également connu sous le nom du septième art, exerce une forte influence sur les populations du monde entier, notamment celles de l’Afrique. Il suffit d’observer les effets, les réactions que suscite une projection de film en Afrique, que ce soit en salle ou en plein air : interjections, sifflements, commentaires, acclamations pour une action spectaculaire ou exemplaire d’un acteur. Sur le continent noir, le cinéma a connu entre autres l’étape des films historiques, films portant principalement sur le passé historique du continent : royaumes, chefs historiques à l’instar de Chaka, Gbéhanzin, Samory, Soundjata, etc. Il s’agissait dans ces films de susciter et développer la conscience historique, de même que la connaissance des peuples noirs. Il y a également des films inspirés d’œuvres littéraires et des films portant sur les réalités sociales (conditions de vie et de travail, syndicalisme, revendications de libertés et respect des droits humains, exode rural, émancipation, modes de vie, etc.). Dans le contexte du cinéma-école, on peut relever la catégorie des films didactiques parmi lesquels ceux qui portent sur les valeurs humaines, la morale, la sagesse africaine, les techniques traditionnelles de mise en valeur des ressources… Dans ce cas de figure, “le cinéaste se met à l’écoute du peuple, exploite les richesses de la tradition orale et de la vie des communautés noires; et c’est au contact de celles-ci, en se mettant à leur école, que le cinéaste peut faire jaillir des contenus nouveaux et forger une écriture et un style même pour l’art cinématographique africain” (Présence Africaine n° 90 2e Trimestre 1974).
Le cinéma, une école du soir
Reconnu comme “pionnier du cinéma africain”, “doyen”  ou encore “l’aîné des anciens” du cinéma en Afrique, Sembène Ousmane (1923-2007) considère le cinéma comme une école du soir et non pas comme un simple divertissement. En effet, le fascinant parcours de Sembène Ousmane, ce célèbre autodidacte africain, met en relief le chemin sinueux d’une quête, “la quête d’émancipation et de réalisation de soi”. Ses expériences lui ont permis de découvrir que la réalité ne peut être transcendée que par sa représentation notamment par l’écriture, l’écriture de la fiction. Militant syndicaliste et politique de la première heure, Sembène Ousmane trouva et réalisa dans le cinéma le prolongement de la politique par d’autres moyens: ceux de l’imaginaire. Il forgea dans ce sens un concept, celui du “cinéma, école du soir”. “Ses romans et ses films sont généralement des miroirs de la société africaine. Il a une vision panafricaniste qui se reflète dans ses œuvres. En effet, même s’il situe ses héros dans la société sénégalaise, les problèmes qu’il aborde se retrouvent ailleurs en Afrique”, écrit Pierrette Herzberger-Fofana (in “Sembène Ousmane 1923-2007, l’ingénieur des âmes”). Au cours d’un entretien accordé à Pierrette Herzberger-Fofana, Sembène a dévoilé sa conception du rôle de l’artiste: il est d’avis que grâce au don qu’il possède, l’écrivain doit créer des œuvres. Pour Sembène Ousmane en effet, “créer, c’est participer à l’évolution de la masse, c’est-à-dire essayer d’être ce qu’on appelle l’ingénieur des âmes ou le forgeron de caractères”. La fonction didactique est restée une composante majeure du cinéma de Sembène Ousmane qui, dans ses œuvres littéraires et filmiques, traite des questions sociales, politiques et économiques du continent noir. A l’occasion d’une leçon de cinéma qu’il donna au Festival international du film de Cannes 2005, Sembène Ousmane rappelait encore que pour lui, comme pour toute une génération de cinéastes, “le cinéma est en Afrique l’équivalent des cours du soir (…) C’est toujours une source d’enseignement permanent comme peuvent l’être les paroles des conteurs de mon enfance”.
Le cinéma, une leçon d’histoire…
Bien que les cinéastes réfutent généralement, l’intention de s’ériger en “donneurs de leçon”, un nombre considérable de films d’Afrique et d’ailleurs traitent de l’histoire du continent noir. Dans ce sens, plusieurs cinéastes donnent des leçons d’histoire à travers des chercheurs, des griots, des vieux ou des vielles, qui racontent l’histoire des peuples, ou chantent l’honneur des personnalités légendaires telles que le roi, le prince, les dignitaires, les sages, etc. On peut citer le film Keïta, l’héritage du griot (Burkina Faso, 1994, 95 mn) du réalisateur Dani Kouyaté qui à travers cette fiction, déroule la trame de la vie du jeune Mabo qui a eu la chance de découvrir avec stupéfaction l’histoire de ses ancêtres  à l’école d’un vieux griot. Ce premier long métrage du réalisateur a décroché plusieurs prix en Afrique et dans le monde: Prix du meilleur premier film au Fespaco 1995 (Ouagadougou, Burkina-Faso), Prix Telcipro 1996 au Festival du Cinéma Africain de Milan et Grand Prix Cannes Junior 1995. Griot de naissance, le réalisateur et comédien Dani Kouyaté au cours d’un entretien au sujet de ce long métrage a confié, “je suis moi aussi garant de l’histoire de mon peuple par rapport aux générations futures… J’ai beaucoup de chance de vivre dans le siècle du cinéma, car le film est un merveilleux instrument pour un griot”. Autrement dit, le cinéma est un support sur lequel on peut écrire ou enseigner l’histoire, la morale, la sagesse, les sciences, bref tout ce que l’école moderne peut enseigner à travers les leçons données aux élèves ou étudiants. D’ailleurs, et de plus en plus avec l’avènement du numérique, des projections de films sont faites quelques fois dans des salles de classe pour donner ou compléter les cours du professeur. Souvent conseillers du roi et éducateurs du peuple, les griots ont une grande place dans le cinéma en Afrique et bien de cinéastes ont relevé ces rôles dans leurs films à travers des éloges, des mises en garde ou des dénonciations d’injustices: Madame Brouette (2002, 104 min) et Teranga Blues (Sénégal/France, 2006, 93 min) de Moussa Sene Absa (Sénégal).
L’expérience du cinéma ambulant
Le concept du “cinéma, école du soir” s’est incarné dans les projections itinérantes de films dans les milieux urbains et ruraux et a marqué la vie des populations en Afrique à travers les ciné-bus. Plus récemment, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne font l’expérience du Cinéma Numérique Ambulant (CNA). Le Cinéma Numérique Ambulant (CNA) est un réseau d’associations dont l’objectif principal est de diffuser en Afrique, en milieu rural, le cinéma africain. Créé en 2001, le CNA est présent au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, en France, au Mali, au Niger, au Rwanda, au Sénégal et au Togo. Le réseau CNA est régi par une charte commune qui a été adoptée en juin 2007. Le siège du CNA-Afrique se trouve à Ouagadougou au Burkina Faso. Ce réseau compte à ce jour, onze unités mobiles qui ont déjà réalisé plusieurs milliers de projections de films,  dans des centaines de villages, pour des millions de spectateurs. Ces projections de films sont suivies d’un débat qui permet d’approfondir avec les publics les différents sujets abordés dans les films visionnés: égalité des genres, citoyenneté, pratiques traditionnelles, hygiène et santé, etc. Avec comme devise “Le cinéma pour tous, le cinéma partout”, le CNA semble perpétuer le souci du doyen Sembène Ousmane de faire du cinéma l’école du soir. Mais loin de remplacer l’école traditionnelle, c’est-à-dire l’enseignement scolaire, le cinéma démontre à suffisance qu’il est un outil éducatif qui vient compléter le système éducatif en Afrique.
L’école, vue par les cinéastes
Les programmes scolaires dans de nombreux pays africains restent tributaires des programmes coloniaux déphasés et révolus. Quoique des réformes aient été entreprises ici et là, d’importants efforts restent à faire pour améliorer le système scolaire traditionnel. Quelles réformes faut-il alors pour le système éducatif en Afrique? En d’autres termes, comment adapter l’école aux réalités et besoins de l’Afrique? C’est la question que se pose l’écrivain et cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio dans son premier long métrage intitulé Sango Malo, le maître du canton (1991, 93 min). En effet, à travers ce film qui a été sélectionné au Festival de Cannes en 1991 dans la catégorie “Un certain regard”, le réalisateur traite de la problématique de la finalité de l’école en Afrique en dirigeant les projecteurs sur les clichés et obstacles du système traditionnel, très théorique et peu pragmatique. Ce film s’ouvre sur la brillante formation de Malo Malo Bernard, le nouvel instituteur du village Lébamzip dont l’ambition est de révolutionner le système éducatif des pays d’Afrique. Le jeune maître devrait dès lors affronter toutes les autorités en place: le directeur d’école, le chef canton, le préfet, sans omettre de renverser les normes coutumières issues de longues années de traditions. En un temps record, Malo Malo allait réduire le cadre théorique de l’école en une dimension hautement pratique: cours en plein air, ateliers, champs et projets de coopérative trouvent vie. Une vision pourtant difficile à atteindre sans compromis. D’un autre côté, le film Finyé (Le vent – 1982, 100 min) du réalisateur malien aborde aussi la thématique de l’école, mais sous l’angle d’une révolte estudiantine, sur fond d’injustices nées de la falsification des résultats scolaires et du rejet d’un amour de jeunesse que certains parents sont déterminés à empêcher, pour diverses raisons. Le réalisateur de ce film y dénonce la fraude et l’abus d’autorité de certains parents et politiques, qui conduisent au trafic des résultats. D’où l’échec injuste qui marginalise certains élèves ou étudiants, éternels recalés aux examens. Une certaine critique d’un système scolaire corrompu. On peut citer également, le film Yellow card (Carton jaune – Zimbabwe, 2001, 92 min) du réalisateur et producteur zimbabwéen John Riber qui relate l’histoire de Tiyane, un jeune lycéen dont la vie est partagée entre l’école, l’amour, son bébé et son rêve de footballeur professionnel. Ce film, faut-il le noter, est une comédie qui a suscité beaucoup de réactions de la part du public à l’occasion de sa projection dans une salle de classe du Lycée de Makepe à Douala au Cameroun en janvier 2008 à l’initiative de l’association AfricAvenir International.
Ces réalisateurs, et bien d’autres encore, abordent peu ou prou la “leçon” ou “l’école “ en lien avec l’idylle des collégiens, des lycéens ou des étudiants pris dans le dilemme d’un choix entre réussite scolaire, amour et ambitions professionnelles futures. C’est ainsi que S. Ousmane dans son film Faat Kiné (Sénégal/France, 1999, 120 min) attire l’attention sur le personnage principal, Faat Kiné, qui abandonne ses études à l’âge de 20 ans, à la veille du baccalauréat, pour raison de grossesse. Ce film dénonce la stigmatisation liée à la grossesse des jeunes filles sur les bancs de l’école, en même temps qu’il illustre l’héroïsme des femmes en Afrique à l’instar de Faat Kiné qui parvient à éduquer dignement ses deux enfants. Le court métrage Symbole (Le) de Ahmadou Diallo (Sénégal/Pays Bas, 1994, 8 min) a la force de rappeler à un grand nombre d’adultes et de jeunes ayant étudié en Afrique subsaharienne le phénomène du fameux “symbole” qui est un objet symbolique créé par les instituteurs et que doit porter en guise d’humiliation les élèves qui s’expriment dans leur langues maternelles en classe ou même dans la cour de l’école. Côté infrastructurel, le réalisateur Cheick Oumar Sissoko dans son film Nyamanton, la leçon des ordures (Mali, 1986, 94 min) nous retrace l’histoire de Kalifa et de sa sœur Fanta renvoyés de l’école parce qu’il n’y a pas de banc; un film qui évoque le drame que vivent certains enfants et jeunes dans nos écoles. On peut aussi évoquer les films comme: Leçon de choses de Fatma Zohra Zamoum (Algérie, 1996) dans lequel le cinéma s’invite dans une école dès la rentrée scolaire avec les élèves comme public, ou encore The First Grader de Justin Chadwik (Kenya, 2011, 103 min), ou Knowledge for life de Sander Francken (Pays-Bas/Mali)…
Quels contenus pour un cinéma-école?
Le septième art en Afrique “devrait avant tout avoir un rôle éducateur” fait remarquer l’écrivain et historien guinéen Djibril Tamsir Niane au séminaire sur “Le rôle du cinéaste africain dans l’éveil d’une conscience de civilisation noire”. Ce qui implique selon cet auteur, le rôle d’information et de formation, tout comme celui assigné aux médias dont la télévision qu’il considère comme le corollaire du septième art. Au même moment, plusieurs observateurs dénoncent le rôle de “mauvaise école” du cinéma et de la télévision auprès des adolescents qui cherchent forcément à ressembler aux héros des films d’action dont certains ne montrent pas le bon exemple.
D’où la nécessité de s’appesantir sur le contenu des films si l’on doit opter pour l’hypothèse d’un cinéma africain comme un cinéma-école pour les populations, notamment la jeunesse. En plus du rôle premier de divertissement, le cinéma jouerait ainsi un rôle pédagogique, d’accompagnement, voir de complément de l’école. Mais encore faut-il ne pas occulter la dimension linguistique dans les productions cinématographiques afin de rendre accessibles les œuvres filmiques à la grande masse analphabète des populations africaines. La jeune génération de professionnels africains du cinéma et de l’audiovisuel disposent d’autant de sujets que leurs aînés d’hier en matière d’éveil des consciences et d’éducation des populations”.

TRADUZIONE

CINEMA E SCUOLA IN AFRICA: LA LEZIONE NEL CINEMA AFRICANO

traduzione a cura di Nadia Gagliardi Coja

Al cinema africano viene assegnato un ruolo di fondamentale importanza nel processo di risveglio della coscienza di civilizzazione e di educazione della società africana nonché di emancipazione delle popolazioni. Questa consapevolezza trova la sua affermazione e il suo fondamento in più occasioni di riflessione sulla settima arte come medium, mezzo di educazione di massa, e da anni se ne celebra la missione sociale e didattica (come ad esempio, al Seminario di Ouagadougou, nel 1974). Si tratta di promuovere il concetto di un cinema popolare che si pone al servizio della scuola e delle popolazioni africane, senza penalizzare la libertà e la creatività che gli sono proprie.
Il cineasta africano detiene un forte potere nella formazione delle coscienze, ruolo che assume attraverso l’ispirazione di una solidarietà storica e culturale tra le comunità del mondo nero e il risveglio di una coscienza di civilizzazione. Il cinema esercita una forte influenza sulle popolazioni africane, trattando temi legati al passato storico del continente ed approfondendo la conoscenza delle diverse popolazioni nere. Si pensi in tal senso ai film che, ispirati ad opere letterarie, vertono sulle realtà sociali, mostrando condizioni di vita e di lavoro, affrontando il tema delle rivendicazioni di libertà e rispetto dei diritti umani, dell’esodo rurale e dell’emancipazione. Nel contesto di cinema e scuola, i film didattici pongono la questione dei valori umani e morali, della saggezza e della tradizione africana, nonché della valorizzazione delle risorse: il cineasta si mette in ascolto del popolo, sfrutta  le ricchezze della tradizione orale africana e della vita delle comunità nere; ed è entrando in contatto con esse e con la scuola che il cineasta fa emergere nuovi contenuti e forgia una scrittura e uno stile specifici per l’arte cinematografica africana.
La funzione didattica è stata sicuramente la componente maggiore del cinema di Sembène Ousmane (1923-2007), il quale nelle sue opere letterarie e filmiche tratta le questioni sociali, politiche ed economiche del continente nero e considera il cinema una specie di scuola serale e non un semplice divertimento. L’affascinante percorso di questo regista senegalese autodidatta pone l’attenzione sul tema dell’emancipazione e della realizzazione di sé. Le sue esperienze gli permettono di scoprire che la realtà non può prescindere dalla sua rappresentazione, per mezzo della scrittura di finzione. Militante sindacalista e politico, Sembène Ousmane realizza nel cinema il prolungamento della politica attraverso l’immaginario, forgiando il concetto di “cinema, scuola serale”. I suoi film, specchio della società africana, riflettono una visione panafricanista in cui, pur collocando i suoi eroi nella società senegalese, i problemi che egli rappresenta sono comuni a tutta l’Africa. Secondo il punto di vista del cineasta senegalese, il ruolo dell’artista è di partecipare all’evoluzione della massa, cercando di essere una sorta di ingegnere delle anime, un fabbro dei caratteri. Benché i cineasti confutino generalmente l’intenzione di dare lezioni, il numero considerevole di film africani che tratta della storia del Continente nero, conferma che molti registi danno lezione di storia attraverso personaggi come i Griots, i quali raccontano la storia dei popoli o cantano l’onore delle personalità leggendarie, quali re, principi, dignitari, saggi. Un esempio significativo è rappresentato dal film lungometraggio Keïta, l’héritage du griot (Burkina Fasu, 1994) del regista Dani Kouyaté che nel film dispiega la trama della vita del giovane Mabo che ha avuto la fortuna di scoprire, con stupore, la storia dei suoi antenati, nella scuola di un vecchio Griot. Lontano dal volersi sostituire all’insegnamento scolastico, il cinema africano dimostra tuttavia di essere un valido strumento educativo che va ad integrare il sistema di educazione tradizionale.
Il concetto di “cinema, scuola serale”, si è incarnato nelle proiezioni itineranti di film in ambienti urbani e rurali in tutta l’Africa subsahariana, attraverso i Ciné-bus e l’esperienza del Cinema Numerico Ambulante (CNA); migliaia di proiezioni, seguite dal dibattito con il pubblico sui differenti temi trattati nei film che richiamano, in centinaia di villaggi, milioni di spettatori, influendo in tal modo sulla vita delle popolazioni locali e riaffermando il concetto di “il cinema per tutti, il cinema dappertutto”. I programmi scolastici in molti paesi africani restano tributari di sistemi coloniali superati e sfasati; qualunque siano le riforme da intraprendere, importanti sforzi rimangono da fare per migliorare il sistema scolastico tradizionale. La questione che si pone lo scrittore e cineasta Bassek Ba Kobhio, nel suo primo lungometraggio intitolato Sango Malo, le maître du canton (1991) è quella della finalità della scuola africana, del superamento degli ostacoli del sistema tradizionale, molto teorico e poco pragmatico. Protagonista del film è il nuovo istitutore di un villaggio la cui ambizione è quella di rivoluzionare il sistema educativo dei paesi d’Africa riportando il quadro teorico della scuola ad una dimensione altamente pratica: corsi all’aria aperta, atelier, campi e progetti cooperativi, una visione difficile da raggiungere senza compromessi.
Molti sono i registi africani che trattano nei loro film il tema della “lezione”,  della “scuola”, legandolo all’idillio dei collegiali, dei liceali, degli studenti presi dal dilemma di una scelta tra riuscita scolastica, amore e ambizioni professionali future. A questo problema si ispira ancora Sembène Ousmane nel suo film Faat Kiné (1999), che attira l’attenzione dello spettatore sul personaggio principale che abbandona gli studi alla vigilia del diploma, a causa di una gravidanza. Il film denuncia infatti la stigmatizzazione legata alla gravidanza delle ragazze sui banchi di scuola e allo stesso tempo illustra l’eroismo delle donne africane che come Faat Kiné riescono ad educare degnamente i loro bambini. Altri film evocano il dramma che i ragazzi vivono nelle scuole: come il cortometraggio Symbole (1994) di Ahmadou Diallo che parla del famoso simbolo, ossia un oggetto creato dagli istitutori africani e che gli studenti devono portare a guisa di umiliazione per essersi espressi nella lingua madre in classe o all’interno della scuola; Nyamanton, la leçon des ordures (1986) del regista Cheick Oumar Sissoko, narra la storia di Kalifa e di sua sorella Fanta, che viene espulsa dalla scuola poiché non ci sono banchi; Leçon des choses (1996) di Fatma Zohra Zamoum dove proprio il cinema si autoinvita in una scuola, alla riapertura dell’anno scolastico, con gli studenti come pubblico; e ancora The First Grader (2011) del cineasta Justin Chadwick o Knowledge for life di Sabder Francken.
La settima arte dunque deve avere, nella società africana, innanzitutto un ruolo educativo, ciò sostiene lo scrittore e storico Djibril Tamsir Niane, un ruolo d’informazione e di formazione come quello assegnato ai media nella loro funzione complementare al cinema. Contrariamente a molti altri osservatori che denunciano invece il ruolo di cattiva scuola del cinema e della televisione, a causa del fenomeno di emulazione da parte degli adolescenti, degli eroi di certi film d’azione, alcuni dei quali indubbiamente non buoni esempi educativi. L’importanza del ruolo pedagogico del cinema africano non impedisce di cogliere la valenza della dimensione linguistica nelle produzioni cinematografiche, al fine di rendere accessibili le opere filmiche a una gran parte di popolazione africana ancora analfabeta. A tale scopo la giovane generazione di professionisti africani del cinema e dell’audiovisivo dispone di altrettanti argomenti rispetto alla generazione precedente in tema di risveglio delle coscienze e di educazione delle popolazioni.

ABSTRACT

Charles Ayetan, journalist and film critic, in his essay tells how a key role is assigned to the African cinema, in the process of awakening of consciousness, of civilization, and education of the African society. Filmmakers, exploiting the wealth of the African oral tradition and of the life of black communities, get in touch with them and their school and bring out new content to forge a writing and a style for the African cinema art.The educational function is certainly a major component of the cinema of  Sembène Ousmane, the well-known Senegalese director, which in his works deals with social, political, and economic needs of the African continent. He realizes in his films the extension of politics through the imagination, forging the concept of “cinema, evening school” that is embodied in the projections of itinerant films in urban and rural settings, throughout Sub-Saharan Africa, through cine-bus and the experience of numerical itinerant cinema: thousands of projections, followed by discussion with the audience about different subjects treated in the films, all themes that draw in hundreds of villages, millions of viewers, thereby impacting on the life of the local people and reaffirming the concept of “cinema for everyone, cinema everywhere”. The cinema, therefore, as support of teaching of history, science, culture and of all those contents that the filmmaker recalls through his characters as the griot who tells the stories of the people or sings the honor of the legendary personalities such as kings, princes, dignitaries whose deeds are taught in the modern school through the lessons given to the students. The filmmaker like the “griot”, he is a guarantor of his people in relation to future generations.

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